Les couleurs sont la musique des yeux, Roland Bierge

Redécouvrez Les couleurs sont la musique des yeux, Roland Bierge, une exposition qui s’est tenue du 14 juin au 29 septembre 2003 à l’Espace-Église des Jacobins.

Les couleurs sont la musique des yeux, Roland Bierge

« Les couleurs sont la musique des yeux : elles se combinent comme des notes…

Certaines harmonies de couleurs produisent des sensations que la musique elle-même ne peut atteindre »

Eugène Delacroix, Journal, 1822-1863, t. III

L’exposition consacrée aux œuvres abstraites, joyeuses et colorées du peintre Roland Bierge (1922-1991) s’est inscrite dans une démarche de découverte du patrimoine artistique régional. Représentant de la nouvelle École de Paris, Roland Bierge, peintre né dans le Sud-Ouest et installé à Paris, est toujours resté attaché à sa région. 58 tableaux et dessins issus de la collection de l’artiste ont permis de rendre compte de son parcours, des premières années de création (1946) jusqu’aux dernières œuvres abstraites (1991), dans le cadre exceptionnel de l’église des Jacobins.

« Autodidacte, Roland Bierge est très tôt attiré par la peinture : tout en travaillant dans l’entreprise de peinture familiale, il suit des cours aux Arts appliqués de Bayonne. Mais, sa vocation de peintre, il ne peut l’envisager qu’à Paris : il s’y installe après la guerre, à 24 ans, et pour vivre, il entre à la Comédie-Française comme décorateur (on lui doit, entre autres, l’exécution du plafond de l’Opéra de Chagall).

Son arrivée à Paris est marquée par la révélation de la peinture de Van Gogh qu’il découvre lors de l’exposition en 1947 à l’Orangerie des Tuileries. Ses premières œuvres réalisées à Précy-sur-Oise, non loin d’Auvers-sur-Oise, sont influencées par « le grand Hollandais ». A travers ses nombreux paysages, l’artiste montre son attachement à la matière, à la couleur qui construit la toile : il retient la leçon de Van Gogh dans l’utilisation de la division des tons.

Peu à peu, cette influence faite sienne, assimilée, Bierge comprend la nécessité de la construction des volumes – par la couleur et la lumière – et de l’équilibre des formes. Il se tourne vers le cubisme de Villon et de Lhote, en compagnie desquels il expose en 1950. Bierge abandonne la limitation volontaire de sa palette, toute en camaïeux de beiges et de bruns avec parfois des touches de rouge, quand le travail de construction de ses œuvres par grandes masses équilibrées est enfin atteint. Sa rencontre avec Chagall est décisive : libéré des problèmes de construction de la toile, il se "plonge" dans le flamboiement de la couleur pure, lumineuse, sonore. Ses toiles éclatent alors et Bierge va pouvoir avancer et prendre ses distances vis-à-vis du motif.

Sensible aux recherches de ses contemporains, les peintres de la nouvelle École de Paris qui revendiquent la construction de l’espace par la couleur, la mesure et l’équilibre propres à un certain "esprit" français, Bierge, au cours des années 60, s’éloigne du postcubisme pour un langage abstrait, plus personnel. L’artiste va procéder par abstractions successives de la réalité jusqu’à aboutir à une construction géométrique où la couleur prend toute son importance.

Dans sa période figurative, Bierge est toujours resté attaché aux sujets traditionnels de la peinture : les paysages, portraits, nus et natures mortes l’ont aidé à se construire et à avancer dans la voie de l’abstraction. Sa peinture non figurative n’a cependant pas pour autant rejeté les références à la réalité ou à la nature, au contraire, elle s’en est nourrie. Bierge a su en saisir les équivalents plastiques, les rythmes, avec une prédilection pour les couleurs somptueuses et les compositions dynamiques, toujours en quête de l’équilibre et de la félicité qu’il attend de la peinture. » (Extrait du catalogue Les Couleurs sont la musique des yeux, 2003)

Catalogue disponible à l’accueil du musée : 6 €