Le musée et son architecture
Venez déambuler en toute intimité pour un voyage hors du temps dans quatre hôtels particuliers au passé prestigieux, ayant reçu, en leur temps, les grands de la cour de France et même des rois et des reines.
Histoires de musée #1
Fondé en 1876, le musée des Beaux-Arts d’Agen, labellisé "musée de France" par le ministère de la Culture, est situé dans le cœur historique de la ville. Il est logé dans quatre hôtels particuliers construits à la fin du Moyen Âge et sous la Renaissance. La prospérité que connaît Agen à la fin du XVIe siècle favorise l’installation d’une population aisée et la construction de magnifiques demeures, dans le quartier de Bézat. Appartenant aux familles de la haute société agenaise, les quatre hôtels particuliers, qui servent aujourd’hui d’écrin au musée, se succèdent rue des Juifs.
Au cours des siècles, les hôtels d’Estrades et de Vaurs connaissent de nombreuses adaptations pour les rendre plus confortables. Par la suite, ils entrent en possession de la municipalité pour agrandir la Maison commune, loger l’administration royale et les prisons. Ces dernières sont agrandies au début du XIXe siècle avec l’annexion de l’hôtel Vergès.
Au début du XXe siècle, une campagne de restauration est lancée pour sauver les bâtiments convertis en musée depuis 1876. L’architecte Léopold Payen modifie considérablement l’aspect de ces hôtels en recomposant le décor des façades méridionales par la transformation des revêtements, des toitures et l’adjonction d’une tourelle d’escalier pour accéder à une plateforme crénelée suivant son invention.
La construction de l’aile Aunac en 1895 et l’acquisition de l’hôtel de Monluc en 1971 viennent enrichir ce bel ensemble et agrandir le musée.
L'hôtel d'Estrades
Cet hôtel appartient dès le début du XVIe siècle à des membres de la famille d’Estrades, qui jouent un rôle politique important à Agen mais aussi à la Cour : François d’Estrades est le gouverneur des enfants d’Henri IV. Godefroy, son fils, un des meilleurs diplomates de Louis XIV, négocie les traités de Nimègue en 1678.
L’hôtel est « rebastit à neuf » avant les années 1628 par François d’Estrades, selon un plan en U encadré de deux cours. Acheté en 1658 par les consuls de la Ville, il est réaménagé pour en faire la « Maison du Roi » avec l’installation des services de l’administration royale et un appartement de réception. Le frère de Louis XVI, le comte de Provence, y couche ainsi en juin 1777. L’hôtel devient par la suite hôtel de ville.
Il ne subsiste aujourd’hui de ce bâtiment qu’une partie du corps de logis avec l’escalier d’honneur et l’aile orientale. L’aile occidentale, englobée dans l’agrandissement de l’ancien théâtre en 1843, disparaît ensuite.
L'hôtel de Vaurs
Ce petit hôtel est probablement érigé au début du XVIe siècle par Jacques de Vaurs, issu d’une riche famille de bourgeois. En 1765, l’administration municipale acquiert le bâtiment pour y loger les prisons.
Édifié selon un plan en L entre deux cours, l’hôtel de Vaurs se caractérise par sa façade principale en pierre richement décorée, ouverte sur la cour d’honneur, rue des Juifs. Un beau portail en plein cintre permet d’accéder à la cour.
L’entrée de l’hôtel se situe à l’angle des deux corps du bâtiment et débouche sur un remarquable escalier en vis à noyau contourné en spirale. Le décor de la façade principale et celui de l’escalier empruntent le vocabulaire ornemental mêlant motifs gothiques et antiquisants caractéristique des années 1530-1540.
L'hôtel de Vergès
Au début du XVIe siècle, le troisième bâtiment appartient à Jehan de Vergès, médecin agenais, puis à son beau-fils, Noble Caprazi de Las, procureur du Roi pour la sénéchaussée d’Agen. En 1812, il est acheté par le département pour agrandir les prisons.
Caprazi de Las fait très probablement reconstruire la demeure dans les années 1675 pour en faire un hôtel avec un corps de logis sur rue et une cour intérieure à l’arrière. Cette cour est la partie la plus intéressante de l’hôtel avec ses deux façades du XVIe siècle, son porche ouvert par deux arcades en anse de panier et sa superbe frise provenant de la demeure de la famille d’Albret à Casteljaloux (Lot-et-Garonne).
La façade donnant sur la place Esquirol est occultée depuis la construction de l’aile dite Aunac, édifiée en 1901 grâce au don du banquier Félix Aunac et restée inachevée.
L'hôtel de Monluc
Confisqué à un receveur de tailles, cet hôtel bâti au XVe siècle tombe dans le domaine du roi Henri II qui l’offre à Diane de Poitiers, sa favorite. Cédée à la dauphine Marie Stuart, épouse de François II, la demeure est acquise vers 1563 par le maréchal Blaise de Monluc, un des chefs du parti catholique pendant les guerres de religion. Propriété de familles aristocratiques puis de notaires au XIXe et XXe siècles, l’hôtel est finalement acquis en 1971 par la municipalité pour agrandir le musée.
L’hôtel, remanié aux XVIIe et XVIIIe siècles, se situe entre cour et jardin. On accède à l’entrée principale, rue des Juifs, par un portail en arc de cercle bâti au XVIIIe siècle. Sa façade principale est cantonnée de deux tourelles dont l’une recèle un escalier en vis qui dessert les trois niveaux du bâtiment.
L’hôtel de Monluc conserve encore au second étage, sur sa façade méridionale, un bel ensemble de baies géminées gothiques, éclairant une vaste salle d’apparat dans laquelle Monluc accueille en 1565, à l’occasion du baptême de l’une de ses filles, Charles IX, sa mère Catherine de Médicis, et les futurs Henri III et Henri IV.
Dernière mise à jour : 05 octobre 2023
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