De Fortuny à Picasso, trente ans de peinture espagnole, 1874-1906

Retour sur De Fortuny à Picasso, trente ans de peinture espagnole, 1874-1906, une exposition qui s’est tenue du 15 novembre 1994 au 19 février 1995 à l’Espace-Église des Jacobins.

De Fortuny à Picasso, trente ans de peinture espagnole, 1874-1906

De 1874 à 1906, date qui marquait en France la première exposition impressionniste et la naissance du cubisme, l’Espagne a évolué en parallèle avec ses spécificités et son histoire. L’exposition De Fortuny à Picasso – rappelons pour mémoire que Fortuny était un peintre que Duret comparait à Monet et qui meurt en 1874 – retrace cette évolution d’une peinture qui naît un peu partout dans les centres régionaux. Contrairement à la France, ce n’est pas la capitale qui donne le ton – Madrid entre lentement dans la modernité en passant par un académisme à évolution lente. C’est plutôt Valence, Bilbao, et surtout Barcelone où des artistes comme Casas, Picasso, en passant par Mir, Nonell, Sunyer, Ysern ou Pidelassera entre autres, proposent des réponses aussi diverses qu’étonnantes. C’est à travers l’œuvre de trente de ces artistes réalistes, comme Josep Lluis Pellicer, naturalistes comme Luis Jiménez Aranda ou paysagistes comme Aureliano de Beruete ou Dario de Regoyos, que cette exposition et le catalogue qui l’accompagne proposent des réponses aussi diverses qu’étonnantes.

« À la naissance de l’Impressionnisme, Théodore Duret, marchand parisien, demandait parfois à Manet de cacher sa signature, pour qu’un client puisse le confondre avec Fortuny. Cette anecdote nous rappelle qu’un grand nombre de peintres espagnols résidèrent à Paris pendant la seconde moitié du XIXe siècle et rencontrèrent un grand succès.

La période choisie pour cette exposition est celle de la préfiguration de l’Espagne moderne. À partir de 1874, année de la mort de Mariano Fortuny, divers courants esthétiques se développent, se confondent ou divergent. Les régionalismes, toujours très présents en Espagne, engendrent des personnalités fortes et différentes mais qui se retrouvent dans leur attirance pour la nouvelle peinture parisienne de la fin de siècle.

La variété et l’originalité de la peinture espagnole de ces 30 années illustrent la rénovation culturelle du pays, et l’entrée dans la modernité. Le réalisme militant de Josep Lluis Pellicer, le naturalisme de Luis Jiménez Aranda se font l’écho de Courbet et de Daumier. Le paysagisme inspiré de l’École de Barbizon se développe et Aureliano de Beruete devient l’un des principaux paysagistes espagnols modernes. Dario de Regoyos est le meilleur exemple de la modernité artistique européenne. Le style d’Ignacio Zuloaga témoigne d’une grande activité créatrice qui exprime toujours son attachement à l’Espagne andalouse. La Catalogne des années 1890 engendre une génération de peintres post-modernistes dont Isidro Nonell et Ricardo Canals et qui culmine avec Pablo Picasso. » (De Fortuny à Picasso, trente ans de peinture espagnole, 1874-1906, Éditions du Seuil, 1994)